C Hwapi

Comment diminuer le nombre de chutes et leurs conséquences ? L’exemple du CHwapi

16 avr. 2021

Le CHwapi, à Tournai, mène une politique de prévention des chutes particulièrement innovante en mettant le patient au centre. Rencontre avec Patrick Dewaele, cadre infirmier.

« En 2019, le CHwapi comptabilisait 844 déclarations d’événements indésirables liés aux chutes. En 2020, nous en comptions 574. Il faut mettre cela en lien avec le Covid, mais il y a tout de même eu une réelle diminution » explique Patrick Dewaele, cadre infirmier et président du comité des chutes.

Comment le Centre Hospitalier de Wallonie Picarde (CHwapi) a diminué de presque 1/3 le nombre de chutes de 2019 à 2020 ?

Le Comité de prévention des chutes

Une task force multidisciplinaire coordonne toute la démarche qualité autour de la prévention des chutes. Il s’agit du comité des chutes.

« Tous les corps de métiers liés au patient y sont représentés », indique Patrick Dewaele. « Cela va du personnel de l’accueil en charge des admissions aux bénévoles de l’hôpital, en passant par les kinésithérapeutes, les ergothérapeutes, les soignants, les médecins, ou même les techniciens de surface, car c’est une chaîne qui doit être forte et cohérente autour du patient. »

Le comité se réunit régulièrement afin d’évaluer l’efficacité des mesures implémentées mais surtout, de créer une forme de réflexion en interne sur les chutes. Il y a une analyse de causes profondes pour identifier la part de responsabilité du soignant, mais aussi du patient et de l’environnement général (causes extrinsèques).

La formation continue du personnel

En tant que président du comité des chutes, Patric Dewaele prend le temps de faire un retour circonstancié sur tous les événements indésirables : analyse du contexte, des conséquences et retour vers les unités. Une à deux fois par mois, le personnel du CHwapi est alors invité à réfléchir sur les chutes.

« En 10 minutes, on analyse une chute une à deux fois par mois autour du CQQOP en réunion de service, par exemple : comment, qui quoi où pourquoi ce patient a chuté ? Qu’aurait-on pu faire différemment pour éviter la chute ou pour que les conséquences soient moins importantes. L’objectif est de réaliser une courte formation pratico-pratique. Cela permet de changer les comportements. Pour le personnel infirmier, c’est très concret. C’est un moment d’échange et de retour sur nos pratiques. Cela contribue aussi à augmenter la qualité chez nous ».



Expérience pour les soignants : la combinaison de vieillissement

Pour les aider à comprendre les personnes âgées, le comité des chutes du CHwapi propose à tous les collaborateurs du CHwapi de se mettre dans leur peau grâce à une expérimentation.

« En utilisant une combinaison de vieillissement, on place le soignant dans la perception et les limites du patient âgé. Il est entravé de toute une série d’éléments, limité dans ses mouvements. Il peut ainsi se dire « tiens, quand je serai plus vieux, j’aurai à combattre cette pesanteur, cette lourdeur-là ».

« La sensibilisation au vieillissement est réalisée en collaboration avec les ergothérapeutes. Ces derniers sensibilisent à l’adaptation de l’environnement afin de limiter les situations de handicap (par exemple le manque de force ou des douleurs aux genoux peuvent être compensées par un lit surélevé au moment du transfert ou une chaise avec accoudoirs etc …) ».

Lidentification, le suivi et laccompagnement du patient qui chute

En termes de prévention des chutes, l’institution insiste sur le dépistage et l’identification des patients à plusieurs niveaux :

  • Via l’utilisation de l’échelle Morse, le personnel infirmier identifie les patients à risque de chutes.
  • Ensuite, les patients qui sont à risque, voire très à risque portent un certain bracelet pour les rendre visibles.
  • Un marqueur dans le dossier patient informatisé (dpi) indique que le patient est à risque de chutes.
  • Le dpi intègre également les activités de suivi du patient qui a chuté (ce qui a été fait pour y remédier, comment la situation a évolué)
  • Un plan de soin d’accompagnement sur le savoir, savoir-faire et savoir-être a été établi. Par exemple, le soignant doit « connaitre et expliquer les pathologies qui peuvent accroitre le risque de chute ».

Des compétences qui concernent aussi le patient

Dans le cadre de l’accréditation notamment, le patient est central, il devient partenaire et est davantage impliqué. Il est donc amené à comprendre les risques de chutes et les dispositions qui permettent de les diminue.

Nouer un partenariat avec les familles

Quand une famille vient visiter un patient, il se peut qu’on déplace certaines choses, qu’on enlève des barrières de lit. Quand la famille s’en va de la chambre sans prévenir les soignants, elle peut mettre en péril le patient.

Il faut donc installer une véritable relation de partenariat entre le patient et le personnel soignant, mais aussi entre la famille et le personnel soignant sur base de choses concrètes. Le CHwapi a développé des médias (affiches et fascicules) qui sont des supports pour y arriver.

« Mais il faut aller au-delà, nous devons accompagner la famille en leur expliquant la démarche, en leur expliquant comment par exemple, aménager un intérieur qui soit sécurisé pour une personne âgée ayant subi une opération ».

De façon générale, il sagit dadopter une démarche de qualité

Le Chwapi est un des deux hôpitaux belges reconnu par Accréditation Canada International avec le niveau Platine, preuve de son engagement dans la gestion de la qualité. « Ceci est la concrétisation de pratiques existantes qui mettent le patient au centre de notre démarche » ajoute Patrick Dewaele.

Pour en savoir plus, consultez notre académie

Améliorez le bien-être de vos patients, de leurs familles et de vos soignants.

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